De la Révolution à 1914

L’histoire de Geudertheim après la Révolution de 1789 se caractérise par le départ des barons de Gottesheim, qui furent longtemps des figures marquantes du village, et l’arrivée du général de Schauenburg et de sa descendance, qui firent beaucoup pour la communauté. Les Schauenburg sont notamment...


Extraits et résumé de Geudertheim, le grenier aux images, Coll. Mémoires de Vies, Éditions Carré Blanc, Strasbourg juin 2005

 

L’histoire de Geudertheim après la Révolution de 1789 se caractérise par le départ des barons de Gottesheim, qui furent longtemps des figures marquantes du village, et l’arrivée du général de Schauenburg et de sa descendance, qui firent beaucoup pour la communauté. Les Schauenburg sont notamment à l’origine de la construction de l’église catholique Saint Blaise, qui vint ajouter un second clocher dans notre paysage, après celui de la vénérable église protestante, à l’origine placée sous le vocable de Saint Adelphe. Car Geudertheim faisait partie avant la Révolution du Comté de Hanau-Lichtenberg, bailliage de Brumath, et pour ces raisons était passé dans le giron de la Réforme vers 1580.

 

Le 19e siècle fut l’ère de l’ouverture vers l’extérieur, depuis les soldats partis se battre dans la Grande Armée de Napoléon, jusqu’au fin fond de la Russie, en Afrique du Nord avec la colonisation du Maghreb ou en Crimée avec Napoléon III. Des soldats qui rapportèrent une autre vue du monde, s’ajoutant à tous ceux qui allèrent voir outre-Vosges, voire outre-Atlantique, si l’herbe n’y était pas plus verte.

 

 

Scène de rue à Geudertheim en 1827 :
aquarelle probablement de la main même du général Alexis-Balthasar de Schauenburg (1748-1831). Collection famille Didry - de Schauenburg.

 

Comme beaucoup de régions en général et comme en Alsace en général, Geudertheim n’échappa pas à l’important phénomène d’émigration au courant du 19e siècle. On retrouve ainsi un Geoffroi Schweitzer qui décède en 1837 à New-York, Jacques Roser qui est « sur le point de partir aux États-Unis d’Amérique » en 1840, idem pour Jean Roser en 1841, année où Martin Ottmann est déjà à New-York. Des Walter sont en Afrique du Nord, un Roser en Algérie, des Wolff et Gangloff en Louisiane, etc. On en trouvera le détail dans le livre de Michel Knittel, Geudertheim, La Mémoire du passé. Depuis la parution de celui-ci on a également retrouvé la trace d’un George Walter parti en Amérique en 1838 avec sa femme et trois enfants, la même année que George Ottmann avec 5 ou 6 enfants. Charles Ritter et son épouse Catherine arrivèrent quant à eux au Canada en 1911, alors que Jean Haerrig, né en 1800 à Geudertheim, vint dès 1835 à Verona, état de New York, avec sa femme Catherine Muhl et trois enfants. La plupart des familles de Geudertheim comptent sans doute sans le savoir des « cousins d’Amérique ».

 

 

 

Exceptionnelle photo prise vers 1880 du château Schauenburg,
montrant des bâtiments disparus sur la rive Sud de la Zorn.
Collection famille Didry - de Schauenburg.

 

Quand en 1871 l’Empire de Napoléon III s’effondra, l’Alsace-Moselle fut annexée au Reich allemand. Il fallut attendre 1911 pour que la province voie se profiler un avenir politique favorable au sein de ce grand empire, à la puissance économique et militaire incontestable. Car ces années furent des années de croissance appréciées, même si le cœur de nos aïeux continua à battre pour la France. A Geudertheim, le village se développa. Une paroisse catholique fut à nouveau créée (le catholicisme étant minoritaire, Geudertheim avait été rattaché en 1923 à Hoerdt), un presbytère puis une église catholiques furent construits, téléphone (1891) et électricité (1901) firent leur apparition. Des enfants du village commencèrent à faire des études supérieures, ce qui s’était rarement vu, et Geudertheim eut même « son » poète reconnu, Christian Schmitt (1865-1928), mais germanophone et dont le cœur, lui battit franchement outre-Rhin. Une période pendant laquelle l’Alsace continua à affirmer et à construire son identité.

 

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