2. L’enfance de M-G Picquart

 

3 ans plus tard, en 1862, alors qu’ils étaient tout juste repartis sur Strasbourg, le jeune Paul Picquart décédait à son tour, à l’âge de 17 ans et demi. Ces décès ne purent que marquer le jeune Georges… qui perdit de plus son père le 9 décembre 1865, alors qu’il n’avait que 11 ans. Tous ses grands-parents étant déjà décédés, le futur général et ministre fut très marqué par sa mère, qui ne décéda qu’en 1896.. Une mère musicienne et cantatrice, qui avait été à Paris l’élève d’un compositeur alors connu, et qui transmit à son fils cet amour de la musique, qui se doubla d’une culture littéraire importante.

La sensibilité de Picquart, homme érudit et cultivé s’il en est, et qu’il acquit sans nul doute déjà alors qu’il n’était qu’un enfant arpentant les rues de Geudertheim, ne s’arrêta pas d’ailleurs à la musique et à la littérature. Plus tard, alors qu’il était jeune officier sous les ordres du général de Galliffet, ce dernier fut un jour irrité que pendant les manœuvres des troupes, Picquart s’intéressait plus au charme des brumes matinales qu’au mouvement des soldats…

C’est dans les rues de Geudertheim que le petit Marie Georges apprit à marcher et à parler, le français bien sûr mais aussi l’alsacien, qu’il n’oublia jamais. Comme le racontent dans leurs souvenirs le mathématicien alsacien Paul Appell (qui fut son condisciple au lycée de Strasbourg) et le sénateur Scheurer-Kestner, Picquart, même devenu ministre, aimait parler en dialecte avec ses compatriotes. Lors d’une réception à l’Elysée en 1907, Clemenceau, alors président du Conseil (équivalent au poste actuel de Premier Ministre) apostropha un jour Picquart et Appell en leur disant « Quelle langue parlez-vous là ? C’est au moins du russe ! ».

Les Picquart quittèrent Geudertheim pour Strasbourg à la rentrée d’automne 1862, Georges entrant alors au Lycée Impérial, actuel Lycée Fustel de Coulanges, où il fut un élève plus que brillant.

Mais sa scolarité fut interrompue par la guerre de 1870-1871 avec la Prusse et le siège et le bombardement de Strasbourg, qu’il vécut à l’instar de tous les habitants comme un traumatisme, siège qui dura du 11 août au 27 septembre 1870. Après l’annexion de l’Alsace-Moselle, Mélanie Picquart, à l’instar d’une grande partie de la famille, partit pour la région parisienne avec ses enfants, et s’installa à Versailles. Alors que le brillant et cultivé adolescent penchait pour des études de littérature ou de médecine, le douloureux spectacle du bombardement de Strasbourg et de la défaite française devant la Prusse le fit se tourner vers la carrière militaire.

 

 Août 1870 : Strasbourg en feu sous les bombes des canons prussiens

 

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