Quelques anciens combattants de la guerre 1939-1945
Lors de la célébration de la fête nationale dans la soirée du 13 juillet 2010, Pierre GROSS, maire de Geudertheim, a tenu à honorer les six derniers combattants encore vivants et valides du village. Très émus, ils ont reçu à cette occasion le Diplôme d’Honneur aux Anciens Combattants de l’Armée Française 1939-1945, les uns des mains du général de corps d’armée Bernard FRIEDRICH, lui-même enfant du village, les autres de celles d’Étienne WOLF, conseiller général et maire de Brumath.
Ci-après un bref résumé des évènements que ces six combattants, bien jeunes à l’époque, ont vécus durant la guerre 1939-1945.
Charles BEYER, né le 5 janvier 1926 à Geudertheim.
Incorporé le 24 novembre 1943, à l’âge de 17 ans, dans l’armée allemande, où il a effectué les fameux travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD) du 24 novembre 1943 au 17 février 1944. Avant d’être déporté au front dans la région de Nancy, le 1er septembre 1944, il a passé au bataillon disciplinaire de la Wehrmacht.
Le 15 septembre 1944 il fut prisonnier américain à Dombasle-sur-Meurthe, un camp de 5 000 prisonniers ; ils y étaient 35 000 et le repas fut livré pour 5 000.
Le 1er octobre 1944, il fut libéré, ainsi que tous les Alsaciens et Lorrains, par l’armée française à Laon. Jusqu’au 13 janvier 1945, il fut planton à la subdivision à Laon.
Petite anecdote : le jour de la Toussaint en 1944, il fut porteur de la gerbe que le Préfet du département de l’Aisne a déposée au monument aux morts de Laon.
Il est rentré à Geudertheim au 2e trimestre de l’année 1945.
Philippe KAUFFMANN, né le 10 octobre 1924 à Geudertheim.
Voir aussi "Culture dialectale/Hier et aujourd'hui", article "Wiehnoochde freijer / Noël autrefois".
Incorporé le 15 octobre 1942, à l’âge de 18 ans, dans l’armée allemande à Grafenstein, en Carinthie, sud de l’Autriche qui était alors annexée à l’Allemagne (Anschluss), pour des travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD). Philippe se souvient qu’il n’avait pas grand-chose à manger. Il fut délivré du RAD le 28 décembre 1942.
Le 16 janvier 1943, il fut incorporé dans la Wehrmacht à Kolm en Pologne. Il fut formé à l’infanterie et sa mission était de garder les grandes fermes. Il a été envoyé au front en 1943 en Pologne, puis à Amsterdam et Rotterdam pour se battre contre les Anglais.
Après 8 jours de voyage, début 1944, il croyait être à Achenheim en Allemagne, se retrouva finalement à Haguenau à 15 km de son domicile, et il pensait pouvoir rentrer chez lui. Finalement il s‘est retrouvé à Marseille. En l’espace de quelques jours il porta d’abord l’uniforme allemand puis l’uniforme français. Il a été libéré le 28 décembre 1944.
Par la suite il a intégré les services de la commune de Geudertheim où il a été le dernier garde champêtre et le dernier crieur public du village, exerçant ces deux fonctions jusqu’à son départ en retraite en octobre 1989.
Albert KRIPPLEBEN, né le 23 janvier 1922 à Geudertheim.
Incorporé le 1er décembre 1941, à l’âge de 19 ans, pour les travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD) à Breisach am Rhein jusqu’au 20 février 1942. Le 12 octobre 1942 il rejoint les chasseurs alpins à Solbad Hall au Tyrol (aujourd’hui Hall in Tirol).
Le 30 janvier 1943, il fut déporté en Russie au sein de la Jäger division. Le 3 mai 1945, il prit le bateau à Danzig (Dantzig en français, aujourd’hui Gdańsk, en Pologne) pour rejoindre Kiel en Allemagne. À la descente du bateau, les Anglais le firent prisonnier le 15 mai 1945.
Il retrouva sa terre natale le 14 juillet 1945.
Georges MARTINI, né le 15 septembre 1923 à Kurtzenhouse.
Il fut incorporé le 8 octobre 1942, à l’âge de 19 ans, près de Brandenburg an der Havel (en français Brandebourg-sur-la-Havel) et a effectué les travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD).
Le 31 décembre 1942, il rentra chez lui.
Le 13 janvier 1943, 13 jours après sa libération, il fut incorporé dans la Wehrmacht à Ludwigsburg. En avril 1943, il se retrouva en Russie à Scharkov où il fut blessé le 15 septembre 1943. Il resta même 8 jours sans soins, après être rapatrié à l’hôpital de Lemberg (nom allemand de Lwów), en Pologne (aujourd’hui Lviv en Ukraine).
Il fut libéré par la Wehrmacht fin décembre 1943 suite à ses blessures, et délivré officiellement par la Wehrmacht le 7 février 1944.
Charles SCHNEIDER, né le 10 juillet 1921 à Geudertheim.
Incorporé le 16 février 1943, à l’âge de 22 ans, dans l’armée allemande à Zeiteldorm (aujourd’hui Zeiteldorf), à côté du Danube en Bavière, pour les travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD). Il rentre à Geudertheim le 22 mai 1943.
Le 1er juin 1943, il fut incorporé dans la Wehrmacht et passa une période d’instruction de
4 mois au Danemark. Le 27 septembre 1943, on le muta en Russie du côté de Leningrad.
Le 8 octobre 1943, il fut blessé en Russie du côté de Vitebsk (aujourd’hui en Biélorussie).
Libéré le 14 juillet 1944 par la Wehrmacht, après 10 mois d’hôpital, il rentra à Geudertheim.
Charles WEIL, né le 21 mars 1926 à Geudertheim.
Incorporé le 4 octobre 1943, à l’âge de 17 ans, pour les travaux du Reichsarbeitsdienst (RAD). Il fut libéré 3 mois après.
Le 8 février 1944, il a été incorporé de force dans la Waffen-SS « Das Reich » près d’Oradour-sur-Glane. En voyant le désastre qui y avait été commis, il a versé quelques larmes. Un SS l'a menacé de le tuer s'il continuait de pleurer en lui disant que ces gens ne méritaient pas ses larmes.
Cela le détermina à déserter en juin 1944, malgré les risques de représailles qu’il faisait prendre ainsi à sa famille. Il se cacha en Bretagne après le débarquement en Normandie.
Il s’engagea volontairement dans l’armée française en septembre 1944 sous les ordres du Général KOENIG à Landau in der Pfalz (Rhénanie-Palatinat) et ce jusqu’à la fin de la guerre où il fut libéré en novembre 1945.